Tous les chemins mènent à ROME, en fin de compte toute pratique dépend de l'investissement du pratiquant ; les fruits récoltés sont toujours à la mesure de l'engagement, à tous les niveaux, performance physique, art de vivre au quotidien, éveil spirituel... c'est même une vérité qui dépasse largement le cadre des arts martiaux.

         Aussi vrai que cette idée universelle, que cette fraternité de l'élan humain vers sa tentative de perfection, les formes de corps et d'esprit préparent à des devenirs bien différents, et des possibilités très différentes à tous points de vue. Karlfried Gräf Durkeim écrivait dans un de ces nombreux ouvrages "menton haut, torse bombé, un tel peuple court à sa perte..." ou bien encore "tout acte artistique s'il n'est pas produit à partir du hara ne reflète pas l'âme de l'artiste..."

 

          Le Kutemichi est une forme de Karaté DO.

Il se caractérise par une forme de geste, et l'état d'esprit qui en découle. Il se caractérise aussi par une recherche d'application de la main nue face aux armes, notamment le bô, le boken, le katana, le tanto.
Essentielle enfin à ces grands traits de présentation, la forme collective de recherche, c'est à dire le souci constant que chacun ait sa place.

 

          Trois qualificatifs au geste : naturel - centré - total :

* naturel : les muscles sont en tension dans le sens de l'élongation, sans du tout de contractions localisées.

* centré : le corps est "posé" dans les hanches, le "hara", au sens de gravité et de source d'énergie du mouvement.

* total : l'impact est en relation directe avec l'appui, le mouvement est d'une pièce découlant d'une préparation explosive préalable, ramassé sur l'appui comme on remonte un ressort.

 

       En suivant la discipline du geste l'état d'esprit se doit de devenir : fluide, réaliste, disponible, contrôlé avec un engagement total.

* fluide comme la tension du corps toujours en élongation, sans tensions coagulant l'énergie,

* réaliste comme l'authenticité d'une personne dans son "assiette" dans son centre naturel que sont les hanches,

* disponible et contrôlé, ce qui ne manquera pas de naître d'une préparation systématiquement antérieure à l'action, avec un engagement total comme va l'imposer la tentative de lier l'impact à l'appui.

 

 

        Deux caractéristiques dans l'exécution des techniques : blocage en déviation, une liaison constante entre les mouvements...

* blocage en déviation : les techniques de blocage sont basées pour la plupart sur une déviation appliquée à la masse qui vient percuter, et même si la rencontre au moment où cette déviation est appliquée peut être de multiples sortes, la notion de déviation l'emporte sur la confrontation.

* continuation, liaison entre mouvements : blocage et contre-attaque sont intimement liés.

 

          L'utilisation des armes ; bô, boken, katana, tanto, donne à la pratique de la main nue l'acuité, la précision, la perspective culturelle du Budo, l'origine des techniques à mains nues, ainsi que la nécessité de l'engagement complet sans retour.

Les armes sont d'abord étudiées en tant que telles, avec leurs techniques propres. Le sabre a une importance particulière de part la place "d'âme" qu'il tenait dans la vie du guerrier japonais, qui est la source de l'art martial.
La technique de la main nue est entremêlée étroitement au bô, bâton long de 1m80 qui en est en quelque sorte une prolongation.
Pour les armes de coupe, il n'y a pas de similitude avec la percussion à main nue, elles sont pratiquées pour leur richesse d'état d'esprit à appliquer à la main nue..

 

        La forme collective de la pratique du Kutemichi est là pour tenter de donner une profondeur humaine authentique aux recherches de formes et d'état d'esprit évoqués, et éviter notamment la transformation en violence qui guette constamment toute pratique faite sans modestie.